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Compte rendu de la réunion d'HIVIGO
du 19 juin 2004
Rédaction : Edith CHABOT
Marc Béziau, écrivain public, exerce
son activité depuis 4 ans. Il a fait des études aux Beaux-Arts
d'Angers. Puis il a travaillé dans la publicité, dans
la décoration d'intérieur.
Il se reconvertit tout d'abord comme commercial puis comme "bistrotier"
Il ouvre dans cet espace un lieu d'exposition pour les étudiants
des Beaux-Arts d'Angers.
Parallèlement il publie des nouvelles. Il rencontre le père
d'un ami qui veut raconter sa vie. Il prend en dictée ses notes,
l'aide à écrire. Cette activité l'intéresse
: il lit, s'informe. Il essaie de trouver une structure pour organiser
cette activité. Nul besoin de diplôme. Il fait une petite
étude de marché. Puis il s'installe comme écrivain
public (aide à l'écriture, à la correction, la
biographie par le recueil de témoignages). Il est un scribe,
écrit dans un français correct ce que les gens évoquent,
organise des ateliers d'écriture (pièces de théâtre).
Il a trois activités principales : aide à la rédaction
de lettres, de comptes-rendus (de moins en moins prégnante).
Installé depuis quatre ans, il met au point une méthode
avec son premier "client". Son statut est celui d'un travailleur
indépendant. Il est possible d'appartenir à une association
d'écrivain public ( Ex : Plume et Buvard, GREC, Académie
des écrivains publics de France).
Il se définit une déontologie, un mode d'exercice. Les
clients publient à des fins personnelles (pour leur famille).
L'édition est confidentielle et Marc en assure la réalisation
en totalité. (édition, tirage, mise en page). Ex : Anna
a cent ans. Elle est interviewée chez elle.
Quelle est la méthode utilisée ?
Un climat de confiance est instauré par un premier échange
un peu informel. Il faut que cela accroche. Parfois Marc n'accepte pas
la demande. Il doit avoir autant envie que le client. Puis il programme
cinq ou six rendez-vous. Les gens paient à chaque rencontre.
Ils gèrent ainsi leurs dépenses, leur calendrier. (10
mois, voire un an parfois se passent). Il prend des notes pour rester
vigilant. (enregistrement abandonné). Puis il écrit à
partir de ses notes. Il prend en compte les tics de langage, les formules.
Il veut rester proche de l'oral. Le document dactylographié est
présenté la fois suivante à la personne afin qu'elle
puisse le corriger, l'améliorer. Les documents sont accumulés
en dix, vingt heures. Des données autres peuvent être fournies
(arbres généalogiques, photos). La maquette réalisée
est relue par le client. Puis le livre est remis (10 à 15 euros
l'exemplaire tiré). Le client peut être amené à
écrire lui-même une suite. Parfois un attachement se créé.
Mais il faut savoir prendre une certaine distance.
Question : Comment la chronologie est-elle construite
?
Chez les personnes âgées, elle est évidente. Chez
les personnes plus jeunes, "il faut tirer la pelote".
Question : Existe-t-il une thématique parfois ?
Oui, exemple : l'Algérie.
Les gens racontent la vie qu'ils ont envie de dire. Il n'y a pas de
contrôle."Vous racontez l'histoire que vous avez envie d'avoir
vécue". Des couples peuvent raconter leur histoire. Le récit
est un dialogue. Parfois des informations sont évoquées
mais elles doivent rester "off". Les personnes s'autocensurent
(Ex : leur vision de leurs enfants). Il faut être discret et très
respectueux de la parole posée.
Question : Comment s'effectue la remise de l'ouvrage ?
L'écrivain peut être incité à remettre l'ouvrage
à toute la famille elle-même sollicitée lors du
travail demandé. Du lien social est reconstruit.
Question : A partir de la parole des enfants, existe-t-il un autre travail
?
L'écrivain public met en garde sur ses capacités. Il reste
sur une approche littéraire. Il peut aider à écrire.
Les gens le connaissent par le bouche à oreilles, les pages jaunes,
des conférences.
Question : Quel est l'accompagnement des personnes ?
L'important pour ces personnes, c'est de "partir tranquilles",
déposer quelque chose de lourd, un secret. Il s'agit de trouver
quelqu'un pour confier des secrets. Il faut pouvoir prendre de la distance,
animer d'autres ateliers avec des enfants par exemple.
Il peut y avoir un danger du fait que la profession n'est pas réglementée
(travail avec les personnes âgées).
Question : Définissez-vous un contrat ?
Non, juste des factures. Le contrat peut casser la confiance. L'engagement
est moral.
Question : Qui décide que le travail est fini ?
C'est le client qui décide. Mais parfois il désire continuer
à voir l'écrivain.
Question : Quelle est la rentabilité de l'activité ?
75 euros la séance de deux heures. Il faut avoir une autre activité
par ailleurs. Le marché n'est pas suffisant pour en vivre.
Question : L'écriture restituée est-elle corrigée
?
L'événement est précisé mais pas le style
rédactionnel. L'écrit, c'est le monde du savoir, du pouvoir.
Marc investit aujourd'hui dans les ateliers d'écriture.
Question : Avez-vous des liens avec d'autres écrivains publics,
des associations ?
Non. Des gens le contactent. Le métier les attire. Marc les met
en garde. Pour lui, c'est un travail de solitaire, mal rémunéré,
sans contact. D'où l'intérêt des ateliers d'écriture.
Ex : atelier d'écriture avec des ouvriers agricoles pour écrire
et jouer une pièce de théâtre.
Question : Comment retranscrire sans changer la parole de l'autre ?
Tout est écrit vite, retranscrit en totalité pratiquement.
Ensuite, au moment de la dactylographie, Marc garde l'écriture
la plus sobre possible.
Question : les textes sont courts. Comment est-ce possible avec les
personnes âgées ?
Elles n'ont pas toujours beaucoup de choses à dire. Parfois,
c'est un luxe de détails sur un point. Les souvenirs ne sont
pas aussi riches qu'on pourrait le penser. Mais le problème,
c'est aussi le temps prévu pour cette activité.
Question : Les gens contactés sont-ils plutôt des ruraux
? Une lecture sociologique du milieu est-elle possible ?
Oui !
Question : Avez-vous écrit une histoire de votre famille ?
Non ! J'ai construit mon arbre généalogique à 15
ans. Ma famille, je la connais. Je n'ai pas de problème de racines.
Marc est également conteur.
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L'AG aura lieu lors de la prochaine réunion d'Hivigo.
Christine rappelle les thèmes des journées de l'année
précédente :
- Histoires de vie et voyages.
- Les bergers transhumants en formation.
- Faire de sa vie une histoire.
- Penser la dimension humaine à l’hôpital.
- Repères pour une restitution des résultats de la recherche
en sciences sociales.
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