V A E : Quand l’expérience se fait savoir
Rencontre avec Alex Lainé,
à Tours, le samedi 1er octobre 2005
La journée fut consacrée à la
Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) qui est l’objet
d’un livre écrit par Alex Lainé (VAE, quand l’expérience
se fait savoir. L’accompagnement en validation des acquis. Erès,
2005). Cet auteur a donc animé ce samedi en développant
les nombreuses observations et pratiques réalisées par
ses soins auprès de candidats VAE dans le domaine de l’animation
et le sport.
« Je n’ai jamais autant appris de ma vie
! », telles sont les paroles d’une candidate à l’issue
de la démarche d’accompagnement VAE. Ces propos illustrent
la volonté d’Alex Lainé de considérer la
VAE comme une instance pédagogique qui permet de travailler sur
ce que l’existence peut offrir comme connaissances et sur les
capacités que le sujet a pour s’en saisir.
Suite à l’établissement d’un
contrat définissant l’engagement des deux parties sur des
règles déontologiques et méthodologiques, le candidat
et l’accompagnateur investissent la démarche VAE.
Selon la méthode « Choisir, Décrire,
Prouver » - choisir des activités les plus représentatives
des compétences requises ; décrire les tâches réelles
; prouver par des preuves la réalité des pratiques - qui
articule la démarche des candidats VAE, l’accompagnement
se structure suivant les textes réglementaires (loi du 17 janvier
2002) et les principes fondateurs de l’Education Populaire. Ainsi,
le droit de se former et « la reconnaissance que tout à
chacun est porteur d’une culture, d’un ensemble de savoirs
et de savoir-faire » (p 54) sont les deux éléments
qui sous-tendent la VAE.
Avec le concours d’entretiens d’explicitation
(Pierre Vermersch) ou/et d’analyse descriptive de l’activité
( Yves Clot), au coude à coude avec l’accompagnateur, le
candidat élabore, construit son inventaire d’expériences
et se l’approprie. Les éléments du contenu des entretiens
peuvent se fixer dans une grille que l’auteur présente
page 173. Elle est constituée de quatre cases (le contexte, l’activité
prescrite, les intentions, les jugements de valeurs) entourant la cinquième
(l’activité réelle) - la plus importante. En effet,
il s’agit bien de questionner le candidat sur l’activité
réelle qu’il présente en la croisant avec les quatre
autres catégories.
La démarche VAE proposée par Alex Lainé
est animée par son profond intérêt pour la validation
des acquis développée par un accompagnement individuel
et collectif. Cette dernière manière de soutenir des candidats
renforce profondément les effets de formation, justement.
La démarche fait également référence
aux histoires de vie. Ainsi, si l’auteur indique qu’«
il y a la conviction que le travail, par les sujets apprenants, de leurs
propres parcours et expériences de vie, est en soi source de
formation et ouverture vers des apprentissages extérieurs. »
(p 27), le processus de la VAE engage donc quelque chose de soi tout
comme en histoire de vie. L’implication est alors puissante.
De même, le matériau sur lequel le candidat
travaille, élabore, construit du savoir ne provient que du seul
sujet, que de lui-même. L’histoire de vie nous incite à
la construction de sens à partir de faits temporels vécus.
Par ailleurs, ces deux démarches sont envisagées
comme des processus d’autoformation. Le rapport au savoir que
le candidat instruit transforme aussi son rapport au pouvoir.
La fascination qu’éprouve Alex Lainé
pour la puissance de créativité du réel de l’activité
de travail anime aussi son accompagnement.
La VAE ne signifie pas validation de l’expérience.
Elle travaille justement sur les acquis de cette expérience.
La démarche permet donc au candidat de s’autoriser à
faire de sa vie professionnelle une histoire. « Il y a augmentation
de la capacité d’apprendre et d’agir du sujet. »
(p 259).
La présentation fut ponctuée de nombreuses
anecdotes illustrant le travail d’accompagnement réalisé
par Alex Lainé dans le cadre de la VAE.
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