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Compte-rendu de la rencontre du samedi 5 février
2005
rédigé par Natacha Lamblin
A propos de l'ouvrage : Classes nouvelles et Gai-savoir au féminin.
Expérience pédagogique au Lycée Balzac de Tours
éclairée par onze parcours de vie.
Présentation par des co-auteurs
: Nicole MORNET-LOGEREAU, Françoise PINEAU, Marie-Claire LHOMME
...
A l'occasion de l'anniversaire des 100 ans du Lycée,
quinze an
ciennes éléves décident de se retrouver
après 50 ans, leur premier souhait est d'écrire chacune
leurs souvenirs de Lycée.
Il en ressort très nettement qu'à partir d'une même
expérience, aucun des quinzes textes n'était identique.
La deuxième étape de cette rencontre fut d'écrire
chacune sur leur vie après les années Lycée.
Ces rencontres ont, au delà du plaisir de se retrouver, permis
à certaines amitiés de se renouveller de façon
plus profonde.
Le livre produit de cette expérience est construit
à partir de différents angles d'analyse. Tout d'abord
Marie-claire LHOMME met en relation les liens entre ces récits
et les classes nouvelles qui font suite aux 6ème d'observation.
Les classes nouvelles ont été créées après
la libération sous l'impulsion de Gustave Monod. Elles représentent
un renouveau pédagogique, un effort de rénovation qui
se construit sur la notion de liberté associée à
la notion de la discipline : donner le sens de l'effort pour développer
l'intérêt aux études.
Parmis les 148 classes créées entre 1945
et 1952, une classe pilote a été ouverte au Lycée
Balzac dès 1945. Des anciennes de la promotion de 1948-1952,
filles de la seconde guerre mondiale, se rendent compte qu'elles ont
bénéficié d'une expérience nouvelle.
M.C. LHOMME fait état des principes de cette pédagogie.
Ceux-ci se retrouvent clairement dans les différents témoignages
50 ans après. Principes et idéologie de l'enseignement
:
- mettre l'enfant est au centre de l'organisation pédagogique,
- donner le goût, l'envie de l'activité créatrice,
- apprendre l'exercice de la liberté, de l'autonomie, de la responsabilité,
de la sodilarité, conduite de l'adaptation,
- favoriser le fait que l'enfant est plus acteur qu'auditeur,
- enfin rendre l'enfant citoyen.
Les moyens pour mener à bien cette pédagogie sont la constitution
de petits groupes de 25, l'extension du champ culturel par des travaux
manuels, le bricolage pour apprendre les savoirs, les études
de milieu en sortant du lycée pour aller voir ce qui se passe
à l'extérieur.
Il est également souligné la qualité des professeurs
de ces classes qui sont vus d'ailleurs comme marginaux dans l'établissement.
Aucun n'avait l'agrégation.
M.C LHOMME constate que dans chacun des récits,
on retrouve au moins une phrase qui peut être reliée aux
principes idéologiques de cette pédagogie.
Une fois que le groupe s'est rendu compte de ce que
chacun avait retiré de cette pédagogie, il y a eu le désir
de poursuivre l'écrit de son histoire pour voir ce que cela avait
pu avoir comme résonance sur son histoire personnelle ensuite.
Onze manuscrits ont été écrits. Vingt anciennes
avaient été contactées. Onze ont voulu écrire
ou dire quelque chose. Une d'ailleurs a souhaité qu'une autre
reccueille son récit car elle ne souhaitait pas l'écrire
elle-même. On voit ici l'importance d'écrire pour transmettre
à un autre et pas seulement pour soi. Adresser le récit
à un autre prend alors un autre sens. "Quand on s'écrit
à soi, on peut tourner en rond, car on sait trop bien tout ça."
Les onzes récits se regroupent en deux parties, le vécu
pendant les classes et l'influence de ces classes sur le récit
de vie de ces femmes. Cette structure s'est imposée en fonction
de ce que la vie avait fait de ces histoires individuelles. Françoise
Pineau souligne que ces femmes sont des "filles de la guerre avant
d'être des femmes de l'après guerre".
Cinq thèmes se dégagent du récit de ces femmes
:
- une génération charnière,
- l'influence de la pédagogie sur ces femmes,
- un chapitre sur celles qui sont restées à Tours ( 2
seulement),
- les femmes de l'Europe,
- les femmesqui sont parties ( en Russie, en Amérique du Nord).
Ce que les classes nouvelles leur ont appris :
- le sens de la curiosité,
- l'écoute des autres, la solidarité,
- la capacité de se tourner vers les autres et d'accepter la
différence,
- l'envie de se battre.
Ce livre a permis de situer les petites histoires
dans la grande histoire.
Celle d'une expérience collective d'un programme d'enseignement
pensé par des chercheurs, mis en place par des professeurs et
expérimenté par les élèves qu'elles étaient.
Ces femmes se décrivent comme des femmes marquées par
la guerre tout d'abord et par la nouvelle culture ensuite, c'est-à-dire
comme le décrit Françoise Pineau, par la trinité
féministe : la déesse en trois personnes, la mère
Simone de beauvoir, la fille Brigitte bardot et l'esprit de Elle magasine.
Ces histoires sont également inscrites dans la pédagogie,
la défaite attribuée à une faillite de l'enseignement
et le désir de créer une élite de la Nation.
Il y avait un échantillonage dans le choix des filles pour que
soit représenté l'ensemble des classes socio-professionnelles.
Pour résumer, elles retirent de leur scolarité le fait
d'avoir "appris à gérer sa vie dans une autonomie
de pensée et le goût d'apprendre tout au long de sa vie".
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